Remise du diagnostic réalisé par les étudiants de l’IGARUN en collaboration avec l’Institut Kervégan
Le groupe de réflexion de l’IK, s’est formé autour du sujet de la réindustrialisation il y a environ un an motivé par les réalités que pourraient prendre un processus de réindustrialisation encouragé par les pouvoirs publics. Très investi, ses membres ont participé à différents événements pour élargir leurs connaissances et se confronter à des réalités complexes, autour de questions aussi diverses que la sobriété foncière, la vision portée par les chefs d’entreprises et les acteurs du monde économique, le regard des urbanistes dans le cadre notamment de la planification urbaine etc.
La commande passée par l’Institut Kervégan aux étudiants de Master 1 de l’Institut de Géographie et d’Aménagement Régional de l’Université de Nantes (IGARUN) a également fortement mobilisé le groupe, présent autant que nécessaire pour accompagner les étudiants dans leurs travaux. Une grille d’entretiens commune a été définie. Plusieurs entretiens conduits notamment auprès d’élus de Nantes Métropole et de la région Pays de la Loire ont ainsi pu être réalisés conjointement entre étudiants et membres du groupe.
Retour sur la soutenance du diagnostic «La réindustrialisation en Pays de la Loire»
La soutenance du rapport de diagnostic des étudiants, effective le vendredi 31 mai dernier devant les membres du groupe, est venue clore une étape importante de la démarche. Globalement, la demande de contextualisation de l’industrie en région a été bien traitée par les étudiants de même que ses conditions de redéploiement dans un contexte hautement concurrentiel : typologie des diverses branches existantes, présence d’une main d’œuvre disponible et bien formée, savoir-faire locaux, capacité d’innovation, mobilisation de la R&D des pôles de compétitivité régionaux, disponibilité foncière (estimée à 180 km² en région). Sans doute, un focus à l’échelle d’un bassin d’emplois de l’offre foncière mobilisable aurait pu être un plus. Une conclusion qui aurait pu laisser un peu plus de place à l’enjeu d’une nouvelle gouvernance plus appuyée, intégrant aussi les citoyens au côté des élus et des investisseurs pour permettre l’acceptabilité sociale de nouveaux projets industriels. Cela a été dit, cette acceptabilité s’avère cependant plus facile lorsqu’il s’agit de petites PME d’ancrage local que de grands groupes, propriété de multinationales ou de fonds d’investissement moins soucieux de leur contexte d’implantation.
Une réindustrialisation à certaines conditions : Innovation, durabilité, décarbonation comme maître du jeu
Selon les étudiants, la réindustrialisation ne peut se faire que dans le cadre de stratégies d’innovation, décarbonées, durables et soucieuses de l’environnement. Ils insistent sur l’importance de ménager le territoire pour prendre en compte des ressources naturelles limitées, avec des conflits d’intérêt dans leurs usages, allant jusqu’à évoquer une éventuelle décroissance ou des démarches à l’échelle de bio-régions (qui portent notamment un système socialement et écologiquement durable).
Sans nul doute, ces travaux permettront d’alimenter de manière utile des débats – lors d’une table-ronde à organiser à l’automne, tant ces préconisations viennent interpeller les feuilles de route d’une majorité de décideurs politiques et l’organisation institutionnelle en place qui ne se suit pas les limites de bio-régions.
La gestion du foncier clé de réussite d’une réindustrialisation vertueuse
Un autre axe fort de réflexion porte aussi, comme pour le logement, sur l’évolution de la propriété foncière industrielle (le foncier devenant bien public et non plus propriété privée), tant le foncier devient un bien rare. Également la question de la résorption des friches, la prise en compte financière de leurs conditions de réemploi (dépollution, démolition etc.) sont des sujets importants.
Des points vus divergeant en écho à la complexité des enjeux
Par la diversité de ses points de vue et de ses sensibilités, notre groupe exprime bien la complexité des enjeux qui se posent lorsque l’on parle de réindustrialisation, une question qui excède bien les seuls sujets juridiques, financiers ou économiques. Il s’agit aussi de choix de sociétés, de garantie de souveraineté européenne tout en préservant la biodiversité et le vivant.
La fierté comme point de convergence
Notre groupe s’accorde cependant fortement sur une valeur commune : celle de la fierté à produire et participer à une aventure collective dans la maitrise de savoir-faire innovants : la fierté sociétale, la solidarité collective. Des valeurs qui résonnent fortement dans le pôle métropolitain Nantes-Saint-Nazaire où se sont jouées de nombreuses luttes sociales et où la capacité de résilience de nos industries n’est plus à démontrer.
Une note thématique, reprenant l’ensemble des apports du travail d’une année sur un sujet complexe, doit être produite cet été. Elle alimentera également les débats à venir dans le cadre du débat citoyen, vocation première de l’Institut Kervégan.
Par Maryse Menanteau, membre du groupe de réflexion « Réindustrialisation »