Par Stéphane Bis, Directeur Technique et Maîtrise d’Ouvrage SEMITAN
De la complexité de gouverner
Le monde n’a probablement jamais été aussi complexe. Les enjeux se multiplient : écologique, technologique, sociologique, économique. Aujourd’hui celui qui est en position de gouverner et de décider se trouve souvent prisonnier de multiples injonctions avec la difficulté de prendre des décisions durables conciliant les exigences de court et de long terme. Enfin, et même surtout l’exigence d’excellence devient absolue. Alors, malheur à celui qui commet une erreur.
Ce contexte explique probablement pour beaucoup les évolutions profondes des gouvernances des entreprises mais aussi d’une certaine manière du monde politique qui nous entoure.
Dérives des gouvernances
Guère étonnant de constater le poids croissant de la technocratie. La complexité combinée à l’exigence de tout maîtriser y conduit si naturellement.
Pas étonnant non plus de voir triompher les exigences de reporting, les indicateurs devenant presque inexorablement maîtres de l’analyse et des décisions.
Peu surprenant enfin, de voir émerger des structures « hyper-hiérarchisées »
« Quand les talons claquent, l’esprit se vide »*
Pour autant sommes-nous certains de la pertinence de ces gouvernances mises en œuvre ? Poser la question, c’est bien sûr y répondre. A trop rechercher les certitudes dans un monde où tout est incertain, à trop imposer le contrôle, à trop éloigner le management de l’action, on finit finalement par affaiblir les gouvernances et s’éloigner de l’excellence tant recherchée.
Retour à quelques évidences
L’organisation efficace n’est pas une chose aisée à définir mais gageons que la confronter aux quatre principes ci-dessous pourrait aider à la rendre plus cohérente et donc plus efficace.
- Laisser une vraie place à l’humain, créer de la confiance, laisser imaginer, ne jamais « sur-hiérarchiser » et « sur-contrôler ». Enfin, et surtout écouter vraiment car, seule l’écoute crée la parole.
- S’assurer que les processus et les reporting sont au service de l’organisation et non l’inverse.
- Décider au plus près du terrain, gage de choix robustes, cohérents et soutenables.
- Avoir ses « fous du roi », c’est veiller à ce que celui qui décide, dispose autour de lui des personnes qui voient ses angles morts. Ainsi, les vérités ne deviennent pas des dogmes. C’est enfin un état d’esprit : accepter qu’on ne sait rien pour se poser les bonnes questions.
Par Stéphane Bis