Note de lecture par Jacques Crochet

« Économie du Bien Commun » de Jean Tirole

Jean Tirole, Prix Nobel d’Économie 2014, nous offre un ouvrage extrêmement complet, dense et très riche.

En lui décernant seul le prix Nobel d’Économie 2014, l’Académie Royale Suédoise  des Sciences a voulu récompenser « l’un des économistes les plus influents de notre époque ».

Jean Tirole est Président de Toulouse School of Economics, Directeur Scientifique de l’Institut d’Économie Industrielle (IDEI), et membre du Conseil d’Analyse Économique (CAE), entre autres.

Membre de l’Académie des Sciences Morales et Politiques, il a voulu nous faire partager sa passion pour sa propre discipline, et nous fournit un éclairage particulièrement intéressant sur l’Économie et ses relations avec les autres sciences.

Il défend une certaine vision de l’Économie, science faisant le pont entre la théorie et les faits, au service du Bien Commun, et considère que cette recherche du Bien Commun passe en grande partie par la construction d’institutions visant à concilier, autant que faire se peut l’intérêt individuel et l’intérêt général.

Il a parfaitement intégré le besoin des citoyens de comprendre l’Économie en général, et ne se cache pas derrière « le voile d’ignorance », qui ferait s’interroger sur notre environnement en faisant abstraction de sa position dans la société, mais prend position sur l’état de la France en général, et de la compréhension des citoyens qu’il juge insuffisante sur les grands enjeux économiques.

Il fait donc voyager le lecteur à travers les sujets qui affectent notre quotidien : Économie numérique, innovation, chômage, changement climatique, Europe, État, Entreprise, Finance, Marché… Il dresse un panorama de ces grandes problématiques de l’Économie d’aujourd’hui et nous fait entrer ainsi au cœur des théories dont il est le père.

Trois chapitres sont consacrés au métier de chercheur en Économie. C’est un témoignage intéressant sur le contenu de son activité, et aussi une belle défense du rôle du chercheur. La densité de l’ouvrage pourrait inciter le lecteur, s’il manque de courage, à s’en dispenser. Ce serait dommage !!

Son fil rouge est le concept de la Théorie de l’Information, avancée majeure de l’Économie de ces dernières années. Cette théorie se fonde sur une évidence : les décisions des acteurs économiques (ménages, entreprises, état) sont contraintes par l’information limitée dont ils disposent. Il démontre par exemple que la nécessaire compatibilité des politiques publiques avec l’information disponible a de fortes implications sur la conception des politiques de l’emploi, de l’environnement, de l’industrie ou de la régulation bancaire. Cette question de l’information est partout au cœur même de la construction de nos institutions et de nos choix de politique économique, en fait au cœur de l’Économie du Bien Commun.

La hauteur de vue de Jean Tirole et son savoir-faire pédagogique rendent la lecture de cet ouvrage complet et souvent technique, très agréable si l’on veut bien le déguster à petites doses. Ce qui est possible, et c’est un avantage, car les 17 chapitres sont écrits de façon à pouvoir être lus indépendamment les uns des autres.

 

C’est un ouvrage à savourer, pour s’éloigner du prêt à penser idéologique dans lequel nous baignons.

Un ouvrage à mettre entre toutes les mains, et à offrir à ceux à qui vous  voulez faire aimer l’Économie.

 

 

couv_jean_tirolÉconomie du Bien Commun de Jean Tirole
Éditions PUF.

 

 

 

 

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