Chômage, crise politique, guerres, épidémies… L’actualité profite aux ténors du discours du déclin. L’invitée du dernier apéro-débat de l’Institut Kervégan, Sibylle Vincendon, elle, a décidé de les combattre.
Sibylle Vincendon en est convaincue : « pour être optimiste, il faut du courage ». La rédactrice en chef adjointe de Libération, auteur de l’essai Pour en finir avec les grincheux, sait de quoi elle parle. «Quelques jours après la sortie de mon livre est tombée l’affaire Cahuzac ! Autant vous dire que c’était un peu difficile de parler d’optimisme après ça », plaisante-t-elle en ouverture de son intervention.
La rhétorique décliniste ne date pas d’aujourd’hui : la France va mal, l’économie s’effondre, les Français se sont laissés aller, la jeunesse fout le camp, etc. La différence aujourd’hui, affirme la journaliste, est que les ténors du déclin ont pignon sur rue. « On est passé du ronchon de service à un discours d’expert», résume-t-elle, prenant pour cible (entre autres) Nicolas Baverez et son livre La France qui tombe.
Pour Sibylle Vincendon, le discours décliniste a d’autant plus prise qu’il s’exerce dans une France qui se rêve dans un glorieux passé. « La France n’a pas quitté le costume du général De Gaulle, mais elle flotte dedans de toutes parts ».
Malgré tout cela, Sibylle Vincendon met en exergue les raisons de croire à un avenir meilleur. « Les savoirs sont aujourd’hui plus connectés, affirme-t-elle, internet est un lieu où l’on peut être plus intelligent collectivement. » Second espoir : « nous avons conscience d’être dans une planète finie, que nos ressources ne sont pas éternelles et que nous avons un destin commun dans leur préservation. »
Sibylle Vincendon en est consciente, ces deux facteurs d’espoir restent fragiles. Mais la journaliste de Libé ne fait pas partie des optimistes béats. « L’injonction à l’optimisme est aussi bête que le déclinisme », clame-t-elle.
Un article de Pierre-Adrien Roux, journaliste