L’Institut Kervégan s’intéresse depuis quelques mois à l’habitat inclusif. Les participants de ce groupe de réflexion ont commandité la réalisation d’un diagnostic auprès des étudiants en Master 1 de l’Institut de Géographie et d’Aménagement Régional de l’Université de Nantes. Cette collaboration inédite entre membres de l’IK et étudiants fût riche d’enseignements autant sur le plan humain que sur les résultats obtenus. L’objectif de ce travail était avant tout d’explorer un sujet émergeant dont on connait mal les contours mais guidé par une conviction : les enjeux majeurs sur l’évolution socio-démographique en Loire-Atlantique et l’ambition du bien « vivre-ensemble ».
L’habitat inclusif est un mode d’habitat regroupé destiné aux personnes en situation de handicap et aux personnes âgées. « Chaînon manquant » situé entre le domicile ordinaire et l’institution, c’est un élément prometteur dans la transition inclusive de la société.
Pour lutter contre l’isolement et répondre aux besoins de cette population qui souhaite habiter « chez elle », les nouvelles formes d’habitat expérimentent, explorent et inventent afin d’apporter des solutions alternatives. C’est le cas notamment de l’habitat intergénérationnel ou bien la colocation. L’habitat inclusif se démarque et s’inscrit alors dans cette démarche en étant un habitat accompagné, partagé et inséré dans la vie locale.
Des résultats prometteurs
Cette offre de logement a émergé suite à la loi ELAN de 2018 qui fixe le cadre et prévoit les financements de ce type d’habitat. Elle apparait aujourd’hui comme une offre prometteuse génératrice d’initiatives et apporte une nouvelle manière de « bien vivre ». L’habitat inclusif, tel que définit dans la loi, permet aux personnes en situation de handicap et aux personnes âgées d’évoluer autour d’un projet de vie sociale et partagée auquel ils ont tous adhérés. Ce projet leur permet de décider de leur propre rythme de vie tout en étant entourés et aidés par leurs proches dans un environnement capacitant, le tout en recevant l’aide d’animateurs de vie sociale et partagée mais également du secteur médico-social si nécessaire.
Des obstacles dans le développement
Malgré les résultats déjà prometteurs de l’implantation de ce type d’habitat, ce diagnostic montre que la répartition de son offre en Loire-Atlantique est déséquilibrée. La majorité des projets se situent en territoire urbain bien qu’il existe de nombreux territoires ayant du potentiel pour développer ce type de projet. En allant à la rencontre des porteurs de projets et de collectivités telles que les villes de Pornic ou bien d’Herbignac, on comprend que c’est un phénomène qui se heurte à plusieurs obstacles dans sa mise en place tel que le prix et la disponibilité du foncier. Ces problèmes résident en partie dans la complexité du jeu d’acteur et la diversité des parties prenantes de ces actions.
Un indicateur pour mesurer le potentiel inclusif du territoire
Le diagnostic révèle toutefois un réel potentiel des territoires dans le développement de nouveaux projets. Cette perspective est établie grâce à l’utilisation d’un indicateur, spécifiquement créé pour les besoins de cette étude. Il permet de localiser les communes adaptées à l’accueil d’habitats inclusifs en réalisant une analyse du territoire par son potentiel d’inclusion. Cet indicateur, confronté aux résultats des entretiens réalisés, met en lumière des clefs pour aller vers un rééquilibrage territorial. L’habitat inclusif a donc tout intérêt à se développer sur de nouveaux territoires.
La multiplication des projets montre un phénomène en plein essor. Ces projets sont voués encore à évoluer, ils laissent entrevoir l’espoir que l’isolement de certaines populations pourra être rompu.
À l’heure actuelle, le contexte politique semble favorable pour le développement de l’habitat inclusif en Loire-Atlantique. Il reste néanmoins de nombreux défis à surmonter pour qu’il s’inscrive pleinement dans une démarche de « vivre-ensemble » inclusive et responsable.