Retour sur la conférence "Quel avenir pour notre démocratie locale ?" par Clémence Mortier, journaliste

La politique façon puzzle

À 45 jours du premier tour de l’élection présidentielle, difficile de parler de démocratie locale sans déborder sur les enjeux nationaux. Alors que les Français s’éloignent des partis traditionnels, le Président (PS) du Conseil départemental de Loire-Atlantique, Philippe Grosvalet, était l’invité de l’Institut Kervégan et de sa commission dédiée aux politiques de demain. Il a débattu avec une quarantaine de spectateurs à l’Insula Café.

« Je suis venu ce soir parler de politique ; la politique telle que je la conçois. Je ne suis ni un expert, ni un savant. Mais j’ai des choses à dire ! » Philippe Grosvalet veut démontrer qu’un élu local sait aussi penser national. Sa vision, le président du Conseil départemental de Loire-Atlantique l’expose dans les 160 pages d’un livre paru en novembre dernier, La politique façon puzzle*.

« Le fossé ne cesse de se creuser entre les citoyens et leurs élus, regrette Philippe Grosvalet. Il faut que l’ensemble de la société s’interroge sur la montée des extrémismes ». Et d’expliquer que les décisions locales, nationales et européennes sont profondément imbriquées. Un exemple : Notre-Dame-des-Landes, enjeu local devenu national, « un symptôme de notre démocratie grippée ».

Comment recoller les morceaux ?

Des remèdes, l’élu en propose. Certains sont même radicaux. « La France est une monarchie déguisée », dénonce t-il en prônant la suppression de la fonction présidentielle. « On ne peut plus gouverner avec une Constitution qui date de 1958 ! Le monde a changé, il faut savoir s’adapter. »

Des partis débordés

Le chaos de la campagne électorale nationale ne cesse de planer sur le débat. Un spectateur s’interroge sur le rôle et l’avenir des partis politiques, expliquant que « le système actuel explose ». Philippe Grosvalet reconnaît que les partis « ne sont pas très sexys » et que ce qui se passe autour d’Emmanuel Macron est un « phénomène ». Mais il n’est selon lui « pas réaliste de se prétendre à la fois de gauche et de droite ». « On ne construit pas la politique comme ça ! » s’insurge t-il.

Une bipolarité passéiste ?

« Je défends une vision rénovée de la politique », affirme le président du département. Le public lui rétorque que le clivage gauche/droite est aujourd’hui dépassé, et que les citoyens ne veulent plus de cette logique partisane. « Faux, rétorque l’élu. Pour moi, la différence entre droite et gauche est constitutive de la démocratie. Un projet politique doit reposer sur un socle de valeurs. » Plusieurs spectateurs secouent la tête. « Merci de n’être pas d’accord avec moi, conclut Philippe Grosvalet. C’est ça, la démocratie. »


 

*La politique façon puzzle, livre d’entretiens entre Jean-Philippe Lucas et Philippe Grosvalet, éd. Joca Seria, 2016.

L’interview de Philippe Grosvalet

 

 

 

La soirée en images

 

Conférence : Avenir de la démocratie locale

 

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