Mardi 15 mai nous recevions pour notre 1er P’tit déjo éco de l’année, Guy Roussel, Président de la Fondation Mines-Télécom et Président d’Ericsson France jusqu’en 2009.
Guy Roussel s’est exprimé devant 25 personnes avec franchise et sans détour sur la face cachée du numérique tentant de déjouer ses mythes et dévoiler ses réalités.
Devant l’engouement spectaculaire des français, politiques et médias pour le numérique et l’économie numérique, Guy Roussel nous invite à la prudence. Le temps de cet échange, il nous a guidé dans les méandres de la galaxie et de l’écosystème numérique afin d’éclairer les enjeux liés à la confiance numérique, à l’intelligence artificielle, à la croissance, à l’emploi ou encore à la concurrence des grandes plateformes numériques.
Le numérique est-il une économie nouvelle réduite au périmètre des startups choyées par nos Secrétaires d’État successifs et de BPI France? De futures hypothétiques licornes revendues à prix d’or? Ou d’une sorte de potion magique indolore créatrice d’emplois valorisants, capable de transcender nos entreprises, leurs employés et les citoyens que nous sommes vers un nouveau monde vertueux ? La réalité est bien différente car plus complexe et plus prosaïque à la fois. Le XXIème siècle sera modelé par 4 grandes transitions de type tellurique, la transition énergétique, la transition éducative, la transition industrielle et la transition numérique, cette dernière ayant la particularité d’être le vecteur de transformation des 3 premières, de quoi nous y perdre !
Guy Roussel ne croit pas en l’économie du numérique mais il parle plutôt de numérique dans l’économie ! Pour mener à bien la transition numérique, il ne suffit pas de numériser l’existant, il faut penser un autre modèle. D’ailleurs ajoute-t-il : Les entreprises qui ont réussi leur transition ont tout bouleversé dans leur organisation. Les politiques en France ne l’ont compris que tardivement. Pour accueillir l’innovation et la faciliter, il faut laisser de l’espace, de la liberté et ne pas légiférer trop en amont. Alors comment faire en sorte que les startups soient pérennes et s’inscrivent dans le temps et à l’international? Guy Roussel réagit: « En France on veut gagner mais sans prendre de risque, c’est probablement la raison pour laquelle il n’y a pas de licornes françaises ». Il faut laisser s’expérimenter les projets et savoir réguler au bon moment.
Autre enjeu de la transition numérique : la confiance du citoyen. Plusieurs enquêtes montrent en effet que les citoyens n’ont pas confiance et ce malgré la nouvelle loi RGPD. La question de la donnée est essentielle, le citoyen doit être acteur et maître de ses données en toute connaissance de cause. Les données ont de la valeur. Qui en profite? Pas celui qui les produit et Guy Roussel de questionner : « Pourquoi ne pas être rémunéré pour ses données ? ». Un rééquilibrage est nécessaire pour retrouver de la confiance. Mais à quel prix? Un participant s’interroge : « Dans ce cas, quel est le prix du service rendu ? ».
Pour conclure, Guy Roussel évoque le sujet de l’accès à la connaissance et à l’éducation : « Le numérique est en ce sens extraordinaire. Il faut toutefois être vigilant et savoir garder la maitrise de notre destin ».