Conférence

Conférence Questions Publiques avec Jean Rivière :
Le vote bobo n’existe pas

Le 07 juin dernier se tenait une rencontre Questions Publiques organisée par la Revue Place publique Nantes/Saint-Nazaire et l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes. A cette occasion, notre invité Jean Rivière, enseignant-chercheur à l’Institut de Géographie et d’Aménagement Régional de l’Université de Nantes a présenté son dernier ouvrage et donné un éclairage sur la configuration électorales et les structures sociales dans les grandes villes françaises.

Une analyse basée sur l’articulation des votes avec la hiérarchie des catégories socioprofessionnelles, hiérarchie démocratique, générationnelle, scolaire ou encore résidentielle. L’espace urbain est traversé par des rapports de forces, des inégalités des compétitions dans l’accession au logement, ce qui n’est pas sans effet dans les urnes. C’est ce que montre Jean-Rivière dans son livre « l’illusion du vote Bobo » à travers une analyse fine du profile sociologique des bureaux de vote.

Avec ce titre : « l’illusion du vote bobo », un brin provocateur, notre invité fait un « pied de nez » aux raccourcis journalistiques qui ont souvent été employés. Le bobo est une fausse catégorie d’analyse non issue des sciences sociales. Selon Jean Rivière, c’est une catégorie pernicieuse qui biaise notre regard. Ce titre marque la volonté de déconstruire ce mythe du bobo à travers une approche différente.

Jean Rivière propose de prendre du recul et d’observer les différentes hiérarchies démographiques, socio-professionnelles et résidentielles dans les villes. C’est en croisant le champ des études électorales avec celui des études urbaines qu’il peut explorer les configurations électorales.

Les comportements électoraux sont issus de divers facteurs reliés entre eux, c’est ce qu’on appelle l’intersectionnalité. Ces facteurs tels que l’âge, la catégorie socio-professionnelle ou le niveau d’études sont révélateurs de la diversité des votes. C’est pourquoi dans une même ville les votes sont hétérogènes, d’autant plus si l’on regarde les choses plus finement au niveau des quartiers.

La métropole nantaise est un cas d’étude intéressant. Elle a, en effet, connu au cours des dernières années certains changements sociaux, un embourgeoisement, une gentrification, un rajeunissement qui ont entraîné plus de vote à gauche. Mais n’a pas eu d’influence sur le vote porté à droite d’une population plus aisée et traditionnelle. Cette diversité des votes dans le centre de la métropole nous indique qu’il y a effectivement différentes trajectoires dans le vote électoral nantais.

Il n’est pas si facile d’oser anticiper les résultats d’une élections ! La géographie sociale ne nous permet pas d’avoir le recul nécessaire pour comprendre l’intégralité des trajectoires électorales. Sans compter sur l’importance de la non/mal inscription et l’augmentation du taux d’abstention qui rend d’autant plus compliqué l’analyse des votes.

Nous vous invitons à découvrir sur cette vidéo la répartition des votes sur Nantes métropoles par quartier à travers son analyse socio-démographique  :

Conférence conduite par Franck Renaud, directeur de la Revue Place Publique, et Sonia Leboeuf, adhérente IK et responsable relation citoyenne.

Pour aller plus loin

Retrouvez l’analyse intégrale de Jean Rivière dans son ouvrage L’illusion du vote bobo.