La notion d’engagement était au cœur de la dernière table ronde organisée par l’Institut Kervegan. Pour mener les échanges, trois entrepreneurs étaient au rendez-vous : Carine Chesneau, dirigeante de Lambert et Manufil et présidente du Centre des Jeunes Dirigeants (CJD) Nantes Atlantique, Jean-Pascal Chupin , dirigeant de Florentaise et président d’IDEA Nantes et Denis Payre, créateur de Business object et Kiala, fondateur du mouvement Nous citoyens.
Trois entrepreneurs, trois parcours, trois formes d’engagement. Carine Chesneau, Jean-Pascal Chupin et Denis Payre ont ceci en commun d’avoir réalisé une bascule entre leur engagement professionnel et un engagement sociétal. Comment ? Pourquoi ? Les réponses divergent. Reste que ce plongeon dans le débat public s’est effectué le plus naturellement du monde.
Carine Chesneau résume ainsi les choses : «Être chef d’entreprise, c’est prendre des risques. Et prendre des risques, c’est s’engager. ». Son investissement à la tête du CJD de Nantes, qui regroupe une centaine d’entrepreneurs de tous horizons, n’est donc pas étonnant. Évoquant la « responsabilité sociétale des entreprises », Carine Chesneau estime qu’il n’y a pas de crise de l’engagement aujourd’hui, mais une urgence : « le monde économique a besoin d’une voix et donc de s’unir pour cela ».
Même constat du côté du « serial entrepreneur » Denis Payre. Fort d’une success story entre la France et les USA, le fondateur de Croissance Plus a aujourd’hui les deux pieds dans l’engagement politique avec la création du mouvement Nous citoyens. « Notre objectif est de tenir un discours économique dans un contexte politique où l’économie est peu connue et comprise. » Citant les Pigeons ou encore les Bonnets rouges, Denis Payre estime que « les chefs d’entreprise, en France, s’engagent souvent par exaspération d’une classe politique coupée de la réalité économique ».
Pas d’exaspération affichée chez Jean-Pascal Chupin mais une réelle volonté de « changer les choses à [son] échelle. » Celui dont l’entreprise est engagée dans une démarche environnementale affiche ses motivations : « plus je donne, plus je reçois ». C’est pour lui le fil rouge de sa démarche en tant que président d’Idéa (Innovation, dirigeant, éthique et action), mouvement de réflexion au service de dirigeants d’entreprise. « L’engagement induit une vision partagée qui peut se traduire par une véritable communion, affirme Jean-Pascal Chupin. Un engagement n’est valable que s’il est partagé ».
Pierre-Adrien ROUX, journaliste