Pour ses 10 ans d’existence, l’Observatoire des Think Tanks, en association avec Public Sénat et RFI, organisait le 4 juillet au Palais du Luxembourg, ses 1ères Assises Nationales des Think Tanks. Une journée pour débattre des enjeux de politiques publiques avec des personnalités politiques, économiques et institutionnelles de premier plan, et surtout une initiative pour reconnaître et légitimer ce qui fonde l’activité d’un think tank en France, à travers l’attribution d’un label.
Cette journée-débat était placée sous le parrainage de deux personnalités politiques, dotées d’une véritable sensibilité pour les think tanks et l’intégration de la société civile dans la conception des politiques publiques : Karine Claireaux[1] et Nicole Fontaine[2]. Des personnalités institutionnelles ainsi que des personnalités du monde économique français et européen se sont succédées autour de cinq tables rondes thématiques : « écologie & affaires internationales », « économie & réforme de l’État », « Europe & éducation », « santé & numérique », « gouvernance & transparence de la vie publique ».
Mais ces 1ères Assises avaient surtout pour but de décerner un label à une sélection de think tanks français pour l’année 2016.
Pourquoi un label des think tanks français?
« Depuis l’an 2000, on dénombre autant de think tanks créés que sur l’ensemble du 20ème siècle et bien plus encore d’organisations qui s’en réclament sans pour autant y correspondre! » fait remarquer l’Observatoire des Think tanks. Ce foisonnement, s’il peut faire preuve d’une appétence toujours renouvelée du débat d’idées en France, n’en cache pas moins des structures et des visées pas nécessairement en phase avec ce qu’il est convenu d’appeler un think-tank. Certes, l’appellation est récente chez nous et peu connue du grand public sous cet anglicisme. Nous lui référons parfois l’équivalent français de laboratoire d’idées. Que se cache-t-il derrière ce vocable? Il était sans doute temps d’y voir plus clair, car selon l’OFTT, « le manque d’intelligibilité qui en résulte nuit à l’ensemble des think tanks – souvent associés à tort à des cabinets de lobbying, des agences de relations publiques, des blogs, des plateformes de promotion de personnalités politiques, des fédérations ou syndicats professionnels, des associations en tout genre éloignées des politiques publiques ». Face à cette croissance exponentielle de structures revendiquant le nom de think tank, il s’agit « d’éviter l’amalgame et la confusion avec d’autres types d’acteurs (dont l’intérêt et la légitimité ne sont absolument pas remis en cause, mais qui ne relèvent pas de la même activité) ». Cette clarification était nécessaire, la question de la transparence dans les modalités de l’exercice du débat démocratique en France étant en jeu.
IK labellisé !
Ce label « gouvernance et transparence des think tanks » atteste des facteurs indispensables qui font la légitimité d’un think tank, à savoir : la régularité et l’accessibilité de sa production, sa bonne gouvernance et sa transparence financière. Pour cette première promotion de labellisés, 75 organisations françaises revendiquant le titre ont été évaluées selon une méthodologie[3] développée par les équipes de l’Observatoire.
Nous sommes donc ravis de vous annoncer que l’Institut Kervégan a obtenu 2 étoiles pour le label Think-Tank 2016, aux côtés de structures comme la Fondation Concorde, l’Institut Thomas More ou Confrontation Europe pour les plus connus. C’est la reconnaissance d’un positionnement revendiqué de longue date, et des travaux que nous menons dans le souci du débat d’idées pluralistes à visée d’intérêt général. Ce label on l’espère, nous apportera davantage de lisibilité, dans un contexte où l’utilité sociale de nos organisations n’est pas toujours bien comprise.
Comprendre les changements de paradigmes
La Secrétaire d’État en charge des collectivités, Madame Estelle Grelier, intervenant sur le thème « Réformer l’Etat, levier de compétitivité » nous a semblé convaincue de la nécessité de faire dialoguer think-tanks et acteurs des politiques publiques. « Les think tanks nous aident à comprendre les changements de paradigmes » a-t-elle reconnu. La problématique majeure est de « susciter l’adhésion des citoyens aux politiques mises en œuvre » et pour cela, « on a besoin d’instaurer des passerelles, de décloisonner les approches » a-t-elle ajouté, en précisant, justement: « les think tanks savent le faire ». Pour la Sénatrice de St Pierre et Miquelon, Madame Karine Claireaux « les think tanks sont dans le champ politique mais hors du temps politique ». Voilà leur plus-value!