De lourds schémas, plans et autres normes des acteurs publics d’un côté. Les impératifs quotidiens des entreprises de l’autre. Cette dichotomie, trois acteurs ligériens en ont débattu face à 70 personnes à l’Insula Café (Nantes), le 24 avril dernier. Des échanges qui font suite à la publication du rapport « Les politiques économiques en Pays de la Loire » en début d’année.
Sur le tableau de bord ligérien, tous les indicateurs sont au vert. La croissance y est durablement de 0,5 point supérieure au taux national (2 % l’année passée, selon l’Insee), tirée par l’industrie et les services marchands, comme le confirme la dernière note de conjoncture de l’Observatoire régional économique et social (Ores).
Le taux de chômage reflux à 8,1 % fin 2017, soit en-dessous de la Bretagne voisine ou même de l’Île-de-France. Autre chiffre record en France, l’augmentation du nombre de créations d’entreprises : +9,6 points sur un an, même si leur nombre (13 845) reste inférieur à celui d’autres ensembles régionaux plus vastes.
Yves Krotoff, qui a notamment a dirigé le groupe nantais Lacroix, loue d’ailleurs « l’attractivité indiscutable » des Pays de la Loire avant de se faire plus tranchant : « Je veux me développer à l’international par exemple, mais, pour paraphraser Henry Kissinger sur l’Europe, quel numéro de téléphone dois-je composer ? CCI, Métropole, Région, j’ai pas envie de rentrer dans des méandres administratifs. »
Simplification versus subvention
Car sous le capot, les politiques économiques régionales sont dédaléennes. Comme le montre un rapport publié par l’Institut Kervégan en début d’année (voir vidéo ci-dessous), c’est d’abord l’État qui pèse le plus, directement comme indirectement, financièrement comme salarialement. Pourtant, chacun des autres acteurs publics semble vouloir tirer la couverture à lui en termes de communication – par exemple dans le domaine de l’emploi.
« Moi-même j’ai du mal à comprendre, alors imaginez un startupper de 25 ans qui monte sa boîte ! J’ai le sentiment qu’il y a une déperdition d’énergie dans ces politiques économiques régionales » déplore Vincent Charpin, président du Medef Pays de la Loire, tout en se félicitant de la qualité des Ligériens, « bien formés et travailleurs, ce qui est loin d’être le cas partout. »
Cet appel à la simplification plutôt qu’à la subvention – qui ne serait utile que pour l’innovation, aux dires unanimes des intervenants –, Jean-Michel Buf, le comprend. Le maire (divers droite) de Blain, interroge l’assistance : « Vous savez combien de normes j’ai au-dessus de moi quand j’arrive dans mon bureau à la mairie ? Environ 400 000, donc le problème des réglementations qui s’empilent, les élus aussi le connaisse » explique t-il. Se coiffant de sa casquette de conseiller régional (centriste) l’élu glisse subrepticement : « On a peut-être pas de numéro de téléphone mais un beau site internet… »
Par Thibault Dumas, journaliste.