Mercredi 10 octobre l’Institut Kervégan recevait l’association 60000 Rebonds à l’occasion d’un « P’tit déj Éco ». Philippe Fourquet, son Président accompagné de François Naux Responsable de l’Antenne de Nantes et Soazig Renault, Déléguée régionale, ont décrit leurs actions et rappelé leur engagement en faveur des entrepreneurs en difficulté. Avec le témoignage de Xavier Aubry, ex chef d’entreprise accompagné par 60000 Rebonds, nous avons pu appréhender pleinement la valeur du travail utile et salutaire de toute une équipe d’accompagnants bénévoles.
Aux origines
60000 Rebonds à été créé en 2012 par Ph. Rimbaud, entrepreneur qui a connu lui même la faillite. L’association est née du constat que 60000 liquidations d’entreprises sont prononcées chaque année. C’est un traumatisme financier, professionnel et personnel pour les entrepreneurs concernés. Parmi eux se trouvent de très nombreux talents et des expertises essentielles pour l’entrepreneuriat français, et pour la vitalité de l’économie. 60000 rebonds propose de les aider à rebondir rapidement. Cette association agit au cœur des territoires, ses antennes sont implantées dans 8 régions en France, 20 villes et accompagnent 500 entrepreneurs.
Dans les coulisses de l’antenne nantaise
L’antenne nantaise fait partie de l’association régionale du Grand Ouest qui compte 65 « Entrepreneurs En Rebond » ou « EER ». Ils sont accompagnés par 57 coachs, 24 experts et une soixantaine de parrains ou marraines. A Nantes, 120 membres accompagnent 35 « EER ». Les 40 parrains qui les suivent sont issus du monde de l’entreprise. François Naux, Responsable de l’antenne de Nantes souligne l’importance de la légitimité du parrain : « pour que l’entrepreneur accepte d’échanger il faut une forme de légitimité pour pouvoir l’amener à envisager son rebond professionnel ». Cette personne doit bien connaitre le monde de l’entreprise, les flux financiers ou commerciaux.
Toute demande d’accompagnement est examinée par un comité qui valide la capacité pour 60000 Rebonds de prendre en charge l’entrepreneur. Deux conditions majeures sont nécessaires . Il faut que la liquidation ait été actée dans les 2 ans et que le demandeur ne souffre pas d’une trop grande difficulté psychologique. «Le comité ne juge pas, il explique les tenants et les aboutissants de l’accompagnement», témoigne Xavier Aubry, entrepreneur accompagné depuis 1 an.
L’entrepreneur est alors accompagné par un parrain et un coach. Ces derniers sont choisis par le bureau de l’association en fonction du parcours, des besoins et des réponses apportées par le candidat lors de son passage devant le comité. L’exercice est loin d’être facile, les questions peuvent toucher l’intime, la transparence est de mise. L’objectif pour le comité est de pouvoir mesurer la capacité du candidat à suivre pleinement l’accompagnement.
L’entrepreneur retenu, 9 cas sur 10, se voit proposer sept séances de coaching gratuites et noue une relation de proximité forte avec son parrain présent pour l’épauler et le soutenir. Xavier Aubry explique qu’après un an d’accompagnement, il ne porte plus le même regard sur les choses et sur soi. Au départ il n’avait pas pris réellement conscience du besoin d’être aidé.
Au terme de cet accompagnement individuel, d’une durée maximum de 24 mois, place à l’accompagnement collectif. Il est à noter que la rapidité est un élément important de la démarche de l’association. François Naux fait remarquer que « la durée moyenne de rebond pour un entrepreneur non accompagné est de 7 à 8 ans, c’est beaucoup trop long ».
Cet accompagnement collectif s’organise autour d’un comité de pilotage, d’un club d’entrepreneurs en rebond et de groupes d’accompagnants, experts (avocat, psychologue, banquier, marketing…). Il s’agit de dévoiler et tester son projet professionnel mais aussi de reprendre confiance. Cela passe notamment par le décloisonnement et la construction de nouveaux réseaux.
Changer le regard sur l’échec
Un double enjeu anime l’association 60000 Rebonds. Au-delà de l’accompagnement des entrepreneurs, il est primordial d’agir sur les comportements en essayant de changer le regard sur l’échec, encore très stigmatisant aujourd’hui en France. François Naux souligne qu’il est encore difficile de parler rebond professionnel, même au sein des réseaux économiques. Ce sujet n’est pas complètement ouvert et audible. L’échec est souvent synonyme d’incompétence contrairement à des environnements plus anglo-saxon où il est perçu comme une expérience et un enrichissement. Il y a encore un gros travail à faire pour changer ce regard en France. 60000 Rebonds répond à ces enjeux en développant une démarche auprès d’étudiants en Master 2 à l’IEA afin de sensibiliser les jeunes entrepreneurs de demain.
Penser l’échec en amont, c’est utile et possible. En matière de redressement, les deux tiers d’entreprises qui vont déposer le bilan dans les deux à trois ans connaissent déjà des problèmes encore non identifiés par leurs chefs d’entreprise. En ayant une plus grande et meilleure approche par exemple de la comptabilité et de l’analyse des comptes, beaucoup de défaillances d’entreprise pourraient être évitées.
Des résultats encourageants
En moyenne, l’accompagnement prend fin après 18 mois. 50 % des entrepreneurs en rebond se relancent dans l’entrepreneuriat et 50 % reviennent au salariat. Il est à souligner qu’un certain nombre rencontrent des difficultés à trouver un emploi salarié. Les entreprises hésitent à embaucher un ancien chef d’entreprise. Ils doivent souvent passer par des missions relais.
Démystifier l’échec aux yeux d’une société qui a tendance à le condamner, en tout cas à ne pas le considérer comme une expérience professionnelle utile, et accompagner des entrepreneurs qui ont besoin d’être épaulés dans un moment difficile de leur vie, une double mission que 60000 Rebonds remplit parfaitement, utile pour l’homme et la société !
* Merci à Michel AYMÉ pour sa synthèse, une aide précieuse à la rédaction de cet article.