L’édito
par Stéphane Bis, Président de l’IK
Liberté individuelle – liberté collective – Citoyenneté
Les vifs débats actuels sur le pass-sanitaire sont l’occasion de rappeler quelques fondements de notre citoyenneté qui structurent notre capacité à vivre ensemble dans un état de droit.
Il y a quelques mois alors que nous ne parlions pas encore de la COVID, j’aidais mon fils de troisième à réviser son cours d’instruction civique qui portait sur la nation et la citoyenneté. Il s’interrogeait alors sur l’utilité de cet enseignement.
Nul doute que cette question du pass-sanitaire m’aurait permis de lui trouver de précises illustrations.
Ce souvenir éducatif m’est revenu subitement, il y a quelques jours lorsque j’entendis à la radio une cadre financière qui s’emportait avec véhémence contre le pass-sanitaire en arguant combien il allait à l’encontre de sa liberté.
Ce cours d’instruction civique rappelait que la France est portée par un socle de valeurs communes symbolisé par notre devise : « liberté, égalité, fraternité ». Il y est donc question de liberté comme dans le témoignage de cette cadre financière. Cette liberté est définie par la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi l’exercice des droits naturels de chaque Homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi ».
Chacun peut bien sûr s’interroger sur l’efficacité de la vaccination ou ses risques. Ces interrogations peuvent aussi faire échos au principe de précaution, lui-même désormais inscrit depuis 2005 dans notre constitution(1) au même titre que les droits de l’Homme et du citoyen.
Nous sommes donc bien au cœur de la dichotomie entre liberté individuelle et liberté collective. Tous les citoyens français qui bénéficient dans ce contexte de crise exceptionnelle d’un système de protection sanitaire et sociale envié peuvent-ils se soustraire à leurs devoirs fondamentaux ?
La vaccination ne peut pas être appréciée comme un seul acte individuel. Au contraire, car elle protège chacune et chacun d’entre nous ; elle garantit durablement notre liberté collective d’autant que le choix d’encourager cette vaccination par un pass-sanitaire plutôt que de la rendre obligatoire laisse encore une voie aux plus sceptiques
Au-delà de cette question de citoyenneté, on ne peut ignorer la défiance envers les discours « officiels » des autorités politiques ou médicales qui peinent à convaincre de l’utilité de la vaccination ou du pass-sanitaire. Dans ce contexte, le monde associatif pourrait probablement jouer un rôle en portant un discours plus pragmatique au plus proche des préoccupations des plus sceptiques.
L’Institut Kervégan place au cœur de ses réflexions et travaux la citoyenneté. Ce débat montre combien celle-ci doit être portée, expliquée et animée, nous continuerons à y contribuer avec rigueur.
(1) Toutefois, dans une acception liée à l’environnement.