Paru dans la Tribune Libre #13
juin 2007
Beaucoup de choses sont dites ou écrites à propos du Football-Club de Nantes et comme toujours les tenants de l’analyse a posteriori sont plus nombreux que ceux de la proposition constructive. Les commentaires les plus savoureux sont d’ailleurs ceux de certains journalistes sportifs qui brûlent avec un bel entrain ce qu’ils ont tant adoré. Sans parler des glorieux anciens qu’on a réveillés pour l’occasion et qui expliquent doctement que tout était mieux avant et que la chute est forcément due à l’abandon des « valeurs » etc… etc… Schéma classique.
Kervégan a assez peu de points communs avec un club de supporters de foot, mais il n’y a pas de raison, après tout, qu’il ne s’intéresse pas lui aussi au sujet. Je me souviens à ce propos d’un diner-débat en 2003 qui avait accueilli Jean–Luc Gripond, Président du Club quand la Socpresse en était encore propriétaire. Il nous avait parlé d’un grand projet, celui de faire du FCNA une « marque », un peu à la manière de Manchester United. Il avait célébré les fameuses « valeurs » du club pour en faire la base de sa stratégie. Le temps a passé et les choses ont évolué dans le mauvais sens…
Le FCNA a longtemps été à l’image de la Ville, sérieux, discret, mais efficace : plusieurs fois champion et presque toujours dans les meilleurs, sans pour autant défrayer la chronique. Un peu dissimulateur aussi : parmi les gros budgets des clubs professionnels, Nantes a toujours joué sur une certaine ambiguïté en valorisant son image de « petit club », quasi-familial.
Le paradoxe d’aujourd’hui c’est que le club sombre au moment où la ville a dopé son image nationale et internationale. Les responsables du tourisme ont beau faire semblant de nier l’impact de la descente en Ligue 2 sur l’image de la Cité (méprisant au passage avec assez peu d’élégance Lens et Auxerre qualifiées dans la presse locale de villes dotées d’un club important mais « dont on ne sait pas à quoi elles ressemblent »), il est bien évident qu’il y aura des conséquences négatives. Depuis plusieurs mois, le mot Nantes est associé à un sujet de rigolade. Bien sur, il ne s’agit que de foot et l’attractivité nantaise ne sera pas totalement remise en cause par un avatar sportif, mais il y aura des séquelles qu’il ne sert à rien de nier pour rester politiquement correct.
Les symboles sont importants et cette déroute nantaise au bout de 44 ans est un signe qu’il faut mesurer. Les lauriers ont ceci de particulier qu’ils ne sont pas aussi reposants que le dicton le laisse entendre : à haute dose, ils peuvent devenir légèrement toxiques.
