La nécessité de menée une réflexion sur le sujet de la démocratie locale est née de l’échec du projet NDDL. Force est de constater que c’est avant tout l’échec du débat public sur ce projet d’aménagement qui est en cause. Les ZAD sont devenues le symbole d’une démocratie grippée, marquée par une coupure entre élus, experts et citoyens, incapables de dialoguer, de faire émerger un consensus ou une décision légitime.
/ Une démocratie grippée ?
Un postulat qui reste à valider : le constat d’une crise démocratique qui impacte le niveau local, mais quelques éléments émergent déjà (à d’autres échelles) :
- Au niveau national et international : les repères éclatent et le résultat des élections démocratiques est devenu imprévisible, marquée par un populisme croissant mais surtout une défiance structurelle contre tout le système politique traditionnel (partis, élus…)
- Les corps intermédiaires (partis, syndicats…) n’arrivent plus à jouer leur rôle de médiateur démocratique et de régulateurs du débat, et sont souvent dépassés par leurs bases. Les outils de communication de masse ont sans doute favorisé, rendant inutiles les intermédiaires pour accéder à l’information.
- Au niveau local il y a confusion entre des (rares) actions de participation des citoyens à la décision publique engagées par les Collectivités et des temps de communication, entretenant un doute permanent sur la réalité de cette participation.
- Le constat est de plus en plus partagé que le système représentatif (citoyenneté limitée à une désignation ponctuelle) ne répond plus aux aspirations d’une partie des citoyens, qui souhaitent participer à la désignation des élus, mais aussi à la décision, voire même à la formulation de la question entre deux élections. Une part de la population souhaiterait s’engager sur le terrain politique, mais ne trouve pas dans les modes traditionnels d’organisation, un terrain d’expression et d’action pertinent, correspondant à l’engagement souhaité.
> Des constats à approfondir, et à centrer sur le niveau local.
/ Les signaux faibles de l’émergence d’une nouvelle donne démocratique locale
Mais la crise n’est-elle pas une transition ? Quelques signaux faibles, indicateurs de l’émergence de nouveaux futurs pas si négatifs, semblent émerger au niveau local :
- Le foisonnement des outils web de la Civitech permettent d’envisager un renouveau de laparticipation, au-delà du seul outil usé du référendum
- Des expériences de mise en œuvre locale de modes de gouvernance démocratique commencent à émerger : budgets participatifs, référendums locaux…
- L’émergence de groupements et collectifs, hors des structures traditionnelles des corps intermédiaires… qui « inventent » dans tous les domaines de la vie sociale et économiques, de nouveaux modes de gouvernance, de mobilisation des acteurs et agents de l’expérimentation.
> Et si l’on poussait les évolutions suggérées par ces signaux faibles, pour imaginer les futurs possibles de notre démocratie locale ?
/ Explorer les futurs possibles de la démocratie locale
Nous proposons de mobiliser une escouade d’explorateurs (1 cartographe, 1 opérateur radio, 1 médecin, 1 ingénieur des ponts, 1 traducteur, 1 mécanicien, 1 brasseur, 1 vigneron et 1 vivandière… et tout autre participant prêt à s’engager dans une aventure risquée) pour parcourir les futurs possibles de notre démocratie locale, et en ramener des témoignages permettant d’éclairer notre présent.
Pour des raisons purement pratiques (capacités de notre véhicule trans-temporel) nous limiterons nos explorations à des futurs pas-trop-proches (2030), et aux enjeux spécifiques de la démocratie locale (hors 6e ou 7e république). Libre de suivre ou de mettre de côté les théories et modus opérandi de la Prospective, nous prenons le pari fou de découvrir le territoire et d’en dresser la carte en même temps : appliquer à l’incertain de notre objet, l’incertain de la bonne méthode à suivre. Nous décidons de suivre les vents.
/ Deux objectifs :
- Explorer les futurs de la démocratie locale
- Tester une méthode d’exploration légère des futurs possibles