Comment sensibiliser et mobiliser le citoyen aux enjeux de la transition énergétique ?

Le contexte

Selon le sondage IFOP réalisé en novembre 2014, 74% des français ont entendu parler de la transition énergétique mais seulement 38% déclarent savoir de quoi il s’agit. La majorité des français identifient et légitiment la collectivité locale comme le principal moteur de la transition énergétique oubliant qu’ils sont eux-mêmes les acteurs les plus déterminants. Il existe pourtant de nombreux leviers économiques à disposition du citoyen pour inciter au développement des énergies renouvelables et à la maîtrise de la demande d’énergie. Selon la même source, 73% de la population ignore l’existence de ces dispositifs incitatifs.

En ce sens, un bon levier d’action serait de concilier la légitimité de la collectivité aux dispositifs déjà existants mais méconnus. Suite aux différents débats que nous avons déjà pu avoir au cours des réunions mensuelles de l’Institut Kervégan ou encore à la conférence traitant de la géopolitique du changement climatique, plusieurs champs de réflexion se sont dégagés :

  • Leviers d’actions punitifs ou incitatifs…

L’approche visant à pénaliser le portefeuille s’avère efficace mais pose la question de l’équité sociale pour les revenus les plus bas. Les leviers incitatifs ne sont pas moins inéquitables, puisqu’il nécessite de disposer d’un capital de départ important ou d’être propriétaire de son logement. Quels dispositifs pourrait-on mettre en œuvre pour lever ces barrières de revenus ?

  • Quelle peut être la place de l’éducation dans la problématique de transition énergétique, en termes d’efficacité et d’urgence climatique ?

L’éducation semble être indispensable pour changer les mentalités à long terme, mais l’horizon temporel de ce levier d’action est-il en adéquation avec l’urgence climatique ?

  • Internaliser les externalités ou comment sensibiliser le citoyen à payer le « vrai » prix de ce qu’il consomme ?

La compensation carbone pourrait s’avérer être un excellent levier de sensibilisation et un premier pas vers la mobilisation.

Forces

  • Réseau mobilisable important
  • Collectivité légitimée par les citoyens
  • Valorisation de dispositifs existants
Faiblesses

  • Quelles entités mobilisées
  • Statut légal d’une telle structure
  • Coûts engendrés (financement)
Opportunités

  • Démarche d’intérêt public
  • Sensibilisation & participation du citoyen
  • Se raccrocher aux mouvements existants (Nantes capitale verte)

 

Menaces

  • Le citoyen est-il prêt à adhérer à la démarche
  • Fédérer différents acteurs aux intérêts divergents
  • Concurrence avec d’autres initiatives locales

Exemples illustratifs

  • Un abonnement Tan annuel coûte 545 €, l’ajout d’une tranche tarifaire « Transition énergétique » de l’ordre de 10% du prix de l’abonnement permettrait de financer un projet collaboratif de 500000 € si seulement 10% des abonnés Nantais y adhéraient, soit 6 MW éolien représentant la consommation annuelle de 2400 foyers pour 2 500 tonnes de CO2 évitées. Le projet génèrerait ensuite 20 000€ par an permettant à son tour de financer en partie de nouveaux projets.
  • Au tarif actuel du gazole (1,05€/litre), un tarif « Transition énergétique (TE)» avec un surcoût de 10% permettrait de financer le même projet tous les 100 000 pleins (5€ par plein). En comptant 2 pleins par mois et par foyer, il suffirait que chaque foyer Nantais fasse 1 plein tous les 3 ans au tarif TE pour financer ce projet. Autrement dit, si 2% des foyers Nantais y faisaient leurs pleins régulièrement, un nouveau projet pourrait émerger tous les ans.
  • Les foyers Nantais dépensent en moyenne 2 600€ par an dans les grandes surfaces, si chaque dépense était taxée à 0,0007%, un nouveau projet éolien verrai le jour chaque année. Autrement dit, il suffirait que 1% des Nantais soient prêt à payer 7% de surtaxe sur leurs achats en grande surface. Pour financer le projet éolien.

L’objectif de fond est de multiplier les partenaires pour que la démarche soit connue et reconnue du grand public pour faire du citoyen nantais un véritable acteur de la transition énergétique. L’approche permettrait de proposer un tarif différencier, tant bien pour les produits de consommation courante que pour des produits plus chers pour que chacun puisse contribuer, de façon volontaire, à la hauteur de son budget.

Une démarche en collaboration avec la collectivité permettrait de renforcer le sentiment
« d’appartenance à un groupe » (choix de l’échelle / du périmètre) et donc de stimuler la mobilisation du citoyen. Elle permettrait également de disposer d’une charte commune et reconnue pour diffuser la démarche sur un maximum de produits de consommations. Une visibilité régulière des retombées de la démarche permettrait de maintenir la mobilisation.

Par Gino Baudry

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