Contribution à l’Opus 1 par Françoise LECLERCQ
Novembre 2013
L’observation de l’ensemble des évolutions, et notamment la fin d’un cycle en matière de développement culturel et touristique, nous amène à nous interroger sur les perspectives de développement culturel de la ville de Nantes et de l’agglomération pour les prochaines années.
« Quelles politiques de développement touristique imaginez-vous pour les prochaines années ? »
Comme le suggère ce premier article de l’Institut Kervégan, Le Voyage à Nantes serait, dans le cadre d’une commande publique, l’aboutissement de la réorientation d’une politique culturelle de longue haleine. Mais ce VAN a-t-il concocté une sorte de concentré d’innovations culturelles au service d’ambitions touristiques et d’aménagements urbains ou seulement une marque de territoire porteuse de l’ensemble des évènements culturels et touristiques de la ville de Nantes ?
La création d’une mise en scène du territoire valorisant différents types de patrimoines et l’animation d’une force de frappe commune au service du territoire, pour mettre en exergue l’évolution d’objets culturels touristiques, aura-t-elle permis au visiteur de voir la ville autrement ? De s’enrichir culturellement ? Ce ne sont certes pas les statistiques de résultats en terme de nuitées ou d’autres critères comme le nombre de visites enregistrées, qui nous l’apprendront.
Comment faciliter l’accès à une ville à découvrir, comment innover dans la mise en visite d’une culture urbaine qui ne se limite pas au rapport archéologique, muséologique, historique et folklorique du lieu ?
Tourisme urbain,inventer des patrimoines alternatifs
Jean Didier Urbain, anthropologue, auteur de l’Envie du monde, aux Editions Bréal, a décrypté le tourisme urbain en tant que « laboratoire de l’attraction ». Thierry Guidet lors de son interview retranscrit pour Place publique, résume ainsi ses propos : « Pour se faire attirante, une ville doit inventer des patrimoines alternatifs, être capable de raconter une histoire, car les touristes ne se contentent plus de regarder le monde ; ils tentent de le comprendre et de le rêver ».
Le visiteur, dit Jean-Didier Urbain, attend de la ville bien autre chose que des monuments. A côté des patrimoines néoclassiques, c’est à dire les grands évènements, il recherche d’autres modes de découverte de la culture.
Il cite :
- Le patrimoine sensoriel qui met en valeur des lumières, des odeurs, des sons, des moments comme la nuit…
- Le tourisme ethnographique qui valorise les habitudes des habitants,
- Le tourisme excentrique, appel à la découverte de lieux périphériques, secrets voire maudits,
- Le tourisme endogène qui permet aux habitants de se faire, vis à vis de l’extérieur, les ambassadeurs et les guides de leur propre ville,
- Le patrimoine narratif qui valorise une ville à partir de son potentiel ou de sa mémoire romanesque.
Comment créer ces patrimoines alternatifs ? Comment façonner le regard du voyageur ? a écrit Alain Croix dans ce dossier de Place Publique n°31 : « De Flaubert à Spiderman, le Voyage à Nantes ». Jean Haëntjens de son côté interroge dans Urbatopies, la stratégie de ces villes qui inventent l’urbanisme du XXIème siècle et notamment Nantes une métropole régionale moyenne à « forte vivabilité » mais à faible « visibilité ».
Comment concilier la vivabilité et la visibilité de Nantes et de son environnement ?
Dans ces contextes est-il possible, sans un minimum de pédagogie auprès des citoyens et avec les utilisateurs de la ville, de mettre en ouvre des politiques cohérentes, urbaines, touristiques, éducatives, culturelles, d’inventer l’image d’une ville, de communiquer sur des ambitions pour mobiliser des énergies en « racontant une histoire » sans « se raconter des histoires ».
Des visiteurs non répertoriés
Quelles histoires les étudiants de Nantes peuvent-ils nous conter sur Nantes ?
Quels étonnements nous réservent l’Ile de Nantes et ses habitants ?
L’aire métropolitaine Nantes – Saint-Nazaire compte 850 000 habitants dont 50 000 étudiants. Quelle visibilité du territoire nantais ces étudiants ont-ils ? En dehors des bars qu’écument une petite minorité d’entre eux, quelle culture est à leur portée ? La revue L’Etudiant place Nantes en 4ème position pour la ville où il fait bon vivre dans le palmarès 2013/2014 des 41 villes françaises recevant plus de 8 000 étudiants, mais côté culture Nantes se place seulement à la 10ème place. Voilà un potentiel inexploré de visiteurs, dont des étudiants étrangers, futurs ambassadeurs de leur ville d’adoption…. à explorer sur du long terme !
De nouveaux objets touristiques à identifier
On ne peut que constater le ré-amour récent d’une tour Bretagne si décriée et pourtant, sorte de « mât du bateau Nantes ». Il y niche en vigie une cigogne à qui on devrait apprendre à écouter et retranscrire les impressions de ses visiteurs : A quoi rêve-t-on de là-haut ? Quel nouveau regard porte-t-on sur la ville ?
Cette redécouverte d’un patrimoine urbain honni devra-il être suivi de la découverte d’une île, nouveau « phare de Nantes », une ville à venir ?…