« Un homme n’est pas bon à tout mais il n’est jamais propre à rien »

Proverbe Chinois

 

Paru dans la Tribune Libre #45 (pdf, 679.73 Ko)
février 2012

Souriez ! Vous êtes filmés et heureux.
Mais si, mais si. Vous ne le savez pas assez mais la France est parmi les pays à qui profite le plus la mondialisation comme nous le rappelait de façon très docte encore récemment Zaki LAIDI Directeur de recherches à Sciences Po Paris répondant à une invitation de l’Institut Kervégan.

Nous sommes toujours le 5ème pays exportateur au monde et le dumping social des pays émergents n’est pas la cause principale de nos maux car nous commerçons à 80% avec des pays de niveau comparable au notre. Bien sûr il y a des perdants, mais comment ne pas faire d’omelette sans casser des oeufs ?

Alors où est le problème ?
Eh bien vous confondez un peu tout ! Soyez plus attentifs et ne mélangez pas inégalités et pauvreté. Hélas comment ne pas un peu les confondre. En Chine il n’y a jamais eu autant de diminution du nombre de pauvres, et ceci dans le cadre d’un contexte historique unique par sa rapidité, et en même temps les inégalités ont explosé. Mais chez nous, en revanche, si les inégalités ne cessent de croître elles s’accompagnent d’un vaste phénomène gangréneux de paupérisation du corps social. Ce ne serait pas la faute à la mondialisation mais à notre désindustrialisation et aux difficultés des PME françaises notamment en comparaison avec l’Allemagne.

Nous sommes simplement moins bons et il faudrait y remédier notamment par la seule solution structurelle de long terme qui est d’avoir des salariés de plus en plus formés. Mais à qui fera-t-on croire que ce qui est à coup sûr déterminant pour gagner des batailles commerciales et maintenir un certain niveau de richesse pour notre pays le sera également en termes d’emploi. Plus les personnes sont formées, plus elles sont productives et moins le besoin en nombre de travailleurs est grand. Et il serait illusoire, voire dangereux, d’attendre la solution d’une augmentation sans fin de «besoins» artificiellement créés et ceci d’autant plus que nous vivons dans un contexte mondial de spécialisation des pays.

Il est en effet totalement déraisonnable de penser se sortir de l’ornière dans laquelle notre pays semble emprisonné sans une vraie réflexion collective sur notre «vivre ensemble». En avons-nous la force, (qui seraient les porteurs de cette valeur morale non immédiatement monnayable ?), et la volonté (du petit profiteur au grand exploiteur) ?

Alors évitons le repli sur nous-mêmes et l’instrumentalisation facile des inquiétudes des plus faibles. Mais gardons nous aussi de l’ironie facile sur l’utilisation d’un terme comme celui de la «démondialisation» car il renvoie à des réalités palpables pour le plus grand nombre. Enfin ne prenons pas prétexte de la dette, sujet trop sérieux pour être laissé aux seuls financiers, pour accentuer le phénomène. A défaut de pouvoir changer le monde, balayons devant notre porte.