Paru dans la Tribune Libre #20
février 2008
Cette citation, dont on ne sait plus si la paternité doit être attribuée à Edgar Faure, Henri Queuille ou à un auteur beaucoup plus ancien, est une illustration souvent pertinente de certaines activités humaines. Les élections municipales entrent dans cette catégorie.
La campagne électorale a commencé et la presse écrite locale—au moins celle qui est lue par les plus de 50 ans— remplit ses colonnes avec des photos de groupes ressemblant aux photographies de mariage des années 50 et des communiqués de presse aussi passionnants que des documentations d’appareils électro-ménagers. Mais ne mégotons pas, la démocratie est un luxe et malgré tous ses travers, elle reste irremplaçable.
La démocratie, comme la vie, ne se conçoit pas sans quelques mensonges et dissimulations. La vie en commun est à ce prix. Dans cette campagne municipale il y a cependant une « grosse omission » qui, au fil du temps, va finir par se remarquer, tant elle traduit bien un certain décalage avec la réalité. Si on se place dans la métaphore cinématographique, on pourrait intituler cela : « Recherche intercommunalité, désespérément… »
La plupart des programmes des candidats, quelle que soit la commune, parlent en effet peu, voire pas du tout, de la Communauté urbaine. C’est bizarre… Cette institution décide pourtant de beaucoup de choses, y compris dans la vie quotidienne des habitants. Mais les candidats continuent imperturbablement à évoquer des réalisations communales, omettant de signaler qu’ils devront souvent les négocier ensuite avec Nantes métropole. L’intercommunalité va bien finir par apparaître dans cette campagne, mais sans doute à la fin et pas forcément comme le sujet majeur. Et pourtant, dès l’élection passée, chacun expliquera à quel point l’échelle intercommunale est majeure pour notre développement et qu’il faut savoir transcender les frontières communales !
Autre illustration : le débat sur l’élection des élus communautaires au suffrage universel direct est permanent, sauf… pendant les élections municipales. Encore une bizarrerie. Même si on sait qu’il y a un large accord politique pour repousser la solution de ce problème aux calendes grecques, beaucoup d’élus avaient indiqué qu’ils signaleraient au moins à leurs électeurs ceux qui, dans la liste, seraient appelés à siéger dans les instances communautaires. On attend de voir… Il est vrai que la désignation postérieure à l’élection municipale est bien pratique pour s’affranchir de quelques contraintes comme la parité, la représentation de la diversité…
Mais ne dramatisons pas, tout ne va pas si mal. La presse écrite locale continue à parler à ses lecteurs dans la grande tradition du discours de préau d’école et le FC Nantes qui —signe des temps ?— a perdu son qualificatif d’Atlantique, pourrait (peut-être) remonter en Ligue 1. Tout est calme, on reparlera des choses sérieuses après les élections…