par Jacques CROCHET
Tribune Libre #53, décembre 2013
Comment rester optimiste en temps de crise ?
Est-ce raisonnable ? Comment est-il encore possible dans notre société de rester optimiste sans apparaître inconscient ou égoïste en donnant l’impression de se désintéresser de la souffrance des autres ?
N’est-il pas plus convenable dans la morosité ambiante de sombrer dans le pessimisme en oubliant les raisons d’espérer, de diffuser et commenter les mauvaises nouvelles dans un souci de solidarité apparente ou de fausse empathie avec ceux qui souffrent ?
Propos provocateurs ? Oui sans doute.
En tous cas ils reflètent un refus du négativisme, du catastrophisme ambiant. Ils se veulent en réaction avec cette vision noire de notre avenir qui nous paralyse, nous ramène à nos peurs ancestrales, et peut nous entraîner à suivre des marchands d’illusion.
Il ne s’agit pas de mésestimer les difficultés économiques, le mal être, le désespoir face à des situations qui paraissent sans issues. Chacun d’entre nous ne possède pas le même capital de confiance en soi, les mêmes ressorts pour réagir, le même environnement familial, social, professionnel.
Mais nous ne sommes pas tous en difficultés. Nous vivons dans un pays démocratique, à haut niveau de protection sociale, à libre expression et circulation des idées.
Et même si les inégalités se creusent, si les antagonismes se développent, il nous appartient d’afficher les raisons que nous avons encore de penser «positif».
Pourquoi être optimiste ?… L’optimisme fait du bien.
Collectivement :
Le concept de «Bonheur national brut» (B.N.B.)* met en avant non pas les seuls résultats économiques d’un pays, mais également la mesure du bonheur de ses habitants en fonction de plusieurs critères : gouvernance responsable, sauvegarde de l’environnement, libertés individuelles et collectives de ses ressortissants, qualité de l’éducation, sécurité…
L’O.N.U. souhaite inciter les états à orienter leurs politiques de développement, en intégrant les concepts de bonheur et de bien-être de leurs populations. Cela est significatif d’une prise en compte de nouveaux critères qualitatifs dépassant les simples mesures du P.I.B. ou de l’évolution de la dette, et contrebalançant les effets de l’application brutale de politiques d’austérité.
Individuellement :
Plus près de nos préoccupations, apprenons à penser positif. Autant le pessimisme est une manifestation d’humeur, autant l’optimisme est une affaire de volonté, et de maîtrise de ses émotions. C’est une forme de courage qui renforce la confiance en soi, dans les autres et sert de levier pour agir sur son environnement.
Dans toute construction humaine, le leader doit faire passer son enthousiasme, sa croyance dans un avenir positif, son plaisir d’entraîner les autres. Mais il ne masquera pas les difficultés, les décisions difficiles à prendre, leurs conséquences pénibles à court terme. Son esprit doit se tourner vers l’avenir et les autres, et non pas sur le passé en s’attardant sur lui-même.
Sa vision sera donc prospective, sa communication basée sur l’échange, et surtout l’écoute. Ajoutons que dans tout groupe organisé, l’humour dans la relation engendrera un peu de légèreté et renforcera le plaisir d’être ensemble. Enfin pour chacun d’entre nous, obligeons-nous face aux difficultés à ne pas associer les échecs à nous même, mais à en rechercher avec lucidité et honnêteté les causes réelles.
En fait soyons audacieux ! L’optimisme, c’est un risque à courir, mais le gain est important. C’est donner confiance à soi-même et aux autres. C’est donc contagieux, et au final ça rapproche du succès.
C’est continuer à aimer la vie, même dans la difficulté !