par Frédéric BERNIER
Tribune Libre #53, décembre 2013
Dans un climat de tension économique, qui serait assez fou pour fonder son discours, sa stratégie d’entrepreneur, sur l’OPTIMISME ? Il est plutôt de bon ton de considérer en ce moment les «optimistes» comme des gens naïfs, voire irréalistes.
Pourtant, si nous faisions un peu plus confiance en notre nature profonde, nous saurions que le plus triste des événements laisse toujours place à de meilleurs horizons.
Je pense qu’avant toute chose, une entreprise est organique. Elle ne saurait être ni objet de finances, ni source de richesses, si elle est vide d’hommes et de femmes. Ce sont bien nos émotions, nos croyances, qui portent nos projets personnels et professionnels et pas seulement la voix de la raison.
Je décide donc de parler ici d’optimisme sur le plan personnel car il engendre automatiquement des conséquences heureuses dans les autres territoires de notre vie.
Business Plan et bonne étoile ?
Ne pourrions-nous pas accepter cette période dite «de crise» comme le début d’une mutation sociale et économique ? En effet, une crise ne dure pas. Pourtant, nous sommes nombreux à souffrir des difficultés depuis quelques années déjà et l’avenir ne paraît pas plus rose à en croire bon nombre de médias et d’économistes. Une mutation apporte son lot de nouvelles opportunités tout en abandonnant certaines habitudes confortables mais vouées à disparaître.
Alors que tout semble perdu, certains entrepreneurs misent le tout pour le tout et investissent là où certains économisent en se liquidant à petit feu.
Quelle est la nature des hommes et des femmes qui «sortent du lot» ? La RÉUSSITE ne passe-t-elle que par la croissance financière, l’augmentation de ses richesses ? Trouve-t-on vraiment le bonheur avec pour seul objectif son enrichissement personnel ? Les plus beaux succès sont-ils exclusivement liés à un bon business plan doublé d’une bonne étoile ? Ou au contraire, n’arrivent-ils pas plus souvent à ceux qui ont connu de nombreux échecs ? Le meilleur moyen de s’en sortir ne résiderait-il pas encore à miser plus gros que ce que le raisonnable nous interdit ? La pire décision est celle que vous ne testerez jamais. La meilleure peut-être également !
Réfléchissez bien, rappelez-vous votre dernière situation extra-ordinaire et positive : une chose est sûre, vous ne vous y attendez pas ! Mais avons-nous tous le même ADN de la réussite ? Notre SUCCÈS est-il inné ou acquis ?
Il est si simple d’observer à quel point la soi-disant «chance» peur arriver au plus pauvre d’entre nous et quitter celui qui avait toutes les cartes en main à sa naissance.
Qu’est-ce qui différencie cet homme, cette femme, ce dirigeant, ce politique de la grande masse ? Est-ce vraiment une histoire de hasard ? La confiance en soi, l’obstination, l’optimisme ne seraient-il pas les véritables ingrédients de la réussite ?
Et si d’aventure nous considérions la chance comme un talent à fructifier et non une condition hasardeuse ?
Certains s’interrogent sur le déterminisme, la «destinée» et leur laissent bien volontiers mener la barque, délaissant ainsi tout opportunité de cheminement pro-actif vers sa réussite, celle qu’on provoque.
En fait, nous n’avons pas tous la possibilité de trouver la chance mais nous sommes tous capables de la provoquer.
Une question de hasard ou d’action ?
La CHANCE ne serait donc pas une fin en soi mais le plus beau signal pour investir le meilleur de soi dans un projet personnel ou professionnel.
Comment la chance intervient ? On parle beaucoup de hasard et peu d’action, et pourtant, la pire des malchances est encore la chance qu’on a laissé passer.
Le hasard isolé correspond à de la pure chance. Mais s’il est accompagné d’une volonté forte liée à un état, une posture propice aux opportunités, ce n’est plus de la chance, c’est de la provocation.
Cette posture finalement assez rare autour de nous, relève d’une forme d’optimisme. Un optimisme qui révèle en nous et autour de nous des opportunités invisibles pour le commun des mortels. On peut parler de posture du chanceux.
Qui peut s’approprier cet état ? Tout le monde. Pourquoi ? Car au-delà de nos cultures, nos différences, nos parcours heureux ou malheureux, nos vies sont toutes les fruits de RENCONTRES.
Ne vous est-il jamais arrivé de retrouver après plusieurs années de silence, «par hasard», un ami, une connaissance, au carrefour d’une rue, dans un train ou une salle de sport? Ne vous est-il jamais arrivé de la recroiser peu de temps après, encore une fois «par hasard»? Qu’avez-vous fait de cette opportunité? Avez-vous interprété cela uniquement au «hasard»? Avez-vous agi en rappelant la personne? Pour certains d’entre nous, le résultat aura pu aboutir à une vie de couple de plusieurs décennies, un emploi de rêve riche de projets, ou bien une amitié sans faille encore vive aujourd’hui !
Connaissez-vous une seule personne à la fois chanceuse et solitaire ? Souvenez-vous de vos meilleurs moments de vie, étiez-vous seul(e) ? Dans le même esprit, la meilleure façon de ne jamais connaître la réussite est encore de ne jamais changer.
Les sources de la chance ?
Cela va de la simple information au retournement de situation. Un coup de malchance permet parfois de créer une situation inédite qui nous permet de rebondir plus haut, encore faut-il provoquer cette opportunité. Vous aurez tout le loisir ensuite de la nommer «chance».
Pour avoir de la chance, il faut développer un goût certain pour les rencontres, la curiosité, la nouveauté. Pour créer la chance, il faut savoir «connecter» les gens, les choses, de façon audacieuse, avec ambition. Enfin, pour avoir de la chance, il faut être attentif aux opportunités, même lorsque cela nous pousse en dehors de notre zone de confort.
Les Français ont tendance à préférer les monospécialistes aux multi-spécialistes. Une culture qui nous contraint trop souvent à jouer la schizophrénie pour rester crédible ! Or un optimiste, est forcément une personne qui développe des talents variés. Les anglo-saxons l’ont bien compris.
Le moteur de l’optimiste ?
Certainement pas la chance. Plutôt l’envie, le désir, de vivre une expérience particulière, de partager une passion, de donner vie à ses rêves.
L’optimiste est en fait lui-même, une opportunité. Il développe un tempérament dont on peut s’inspirer pour devenir soi-même optimiste, attirer ainsi la chance.
Comment reconnait-on un véritable optimiste ?
Il s’attache autant à son objectif qu’à la façon de l’atteindre. L’optimiste provoque le bonheur de ceux qui l’aident à atteindre le sien. Vous en avez peutêtre déjà croisé un, on peut le reconnaitre à son infini enthousiasme : «On va y arriver, tous ensemble».
Un optimiste regarde toujours en priorité ce qu’il y a de meilleur dans une bonne situation comme une mauvaise. Pourquoi ? Pour capitaliser tout simplement sur le meilleur et surmonter ainsi plus facilement une expérience difficile. En effet, avons-nous vraiment intérêt à nous focaliser sur ce qui va mal ? L’optimisme arrive souvent sur le chemin de la résilience.
Face à l’incertitude, une chose est sûre, l’optimiste a confiance en l’avenir.
Un optimiste est habité par l’espoir du meilleur résultat en oubliant le réalisme qui finalement ne nous aide pas plus que cela à nous sortir vainqueur d’une situation délicate. Et de fait, il véhicule une grande bienveillance auprès des gens qui l’entourent. Ce qui favorise ses propres succès.
Un optimiste est aussi simplement une personne ouverte, attentive à tout ce qu’il l’entoure. Il fait des connexions là où d’autres n’y trouveraient aucun intérêt. C’est un créatif qui transforme les mauvaises conditions en opportunités chanceuses.
C’est également une personne qui crée le doute en nous, voire nous dérange. Une personne qui nous donne l’impression de pouvoir dépasser nos propres limites.
Enfin, un optimiste passe toujours à l’action. On le reconnait sur le terrain ; il met en pratique ses idées avec volonté et acharnement. Il laisse des traces.
Comment développer l’optimiste qui est en vous ?
Tout d’abord, face à une problématique, voire une situation catastrophique, focalisez-vous en premier lieu sur les opportunités que génère cette situation. Puis, efforcez-vous de placer votre énergie dans la recherche de solutions et non l’angoisse d’un hypothétique échec collatéral. Il faut en quelque sorte, développer sa foi en sa capacité à trouver, voire créer, ses solutions.
Ensuite, lorsqu’on fait le bilan de ses atouts et de ses faiblesses, l’idéal est de se concentrer sur ses forces, les développer au maximum. Pourquoi s’attarder sur ses défauts ? Ils ne disparaitront jamais : « chassez le naturel…» D’ailleurs, les personnalités les plus optimistes, les plus talentueuses, les gens qui connaissent le plus de succès, sont parfois difficiles à vivre dans leur sphère personnelle 🙂
Pensez aux personnes que vous admirez, connues ou non du grand public. Elles ont toutes un point commun : elles ont capitalisé sur leur plus belle qualité.
Être optimiste, c’est aussi accepter de ne pas plaire à tout le monde. Pour développer votre optimisme, travaillez votre assertivité, créez pourquoi pas votre «marque personnelle» afin d’être re-connu.
Être optimiste, c’est également s’appuyer sur ses erreurs passées plutôt que de les renier. On ne peut rien changer à son parcours mais tout reste ouvert pour demain.
Enfin, vous deviendrez optimiste si vous croyez en la force des rencontres, même celles que vous jugez stériles. La chance ne porte pas toujours son habit de lumière.
Une clé pour commencer : songez aux événements qui ont bouleversé positivement votre vie, vos moments de vérité. Il est probable qu’ils étaient le fruit d’une simple rencontre, information, ou découverte «par curiosité». Pensez alors aux formidables changements qu’ils ont opéré dans votre histoire.
Imaginez que demain, vous puissiez susciter ces événements extra-ordinaires.
L’optimisme pour quelle réussite ?
De mon point de vue, le plus beau succès, la plus belle trace que nous pouvons laisser, ne se mesurent pas à l’échelle financière mais plutôt humaine. La plus belle réussite ne serait-elle pas d’engendrer par sa posture d’optimiste, un maximum de succès autour de soi, notamment en connectant les talents entre eux ?
Pour conclure
Je dirais que l’optimisme, pratiqué avec empathie, est contagieux. L’optimisme comme moteur nous permet de créer des situations de chances. L’optimisme, en somme, est la meilleure réponse à l’adversité. Il nous inspire le courage d’aller là où l’on nous attend le moins, là ou vous connaitrez peut-être la réussite.
«Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles…», Oscar Wilde.