L’open-data : entre illusion démocratique et réalité territoriale

Perçu comme un outil de la démocratie numérique et de la transparence des collectivités territoriales et de nos administrations, l’open data est au cœur des réflexions de l’Institut Kervégan. Retour sur quelques idées reçues sur l’open data.

Vers une plus grande transparence des politiques publiques ?

L’ouverture des données publiques est souvent présentée par les élus et les administrations comme un vecteur d’une plus grande transparence de leurs actions et de leurs décisions. Cela pourrait constituer une réalité si l’ensemble des données produites par les collectivités et les administrations étaient mises à la disposition des citoyens.

L’ouverture des données publiques et la création de plateforme d’Open-Data résultent nécessairement d’une décision politique. La nature des données mises à la disposition des citoyens, tout comme la qualité des données partagées ne sont ainsi pas des choix anodins pour les collectivités territoriales et les territoires.

Un rapide regard porté sur les jeux de données ouverts sur la plateforme d’Open Data permet par exemple de constater que l’essentiel d’entre eux sont d’ordre statistique ou géographique. Il est ainsi relativement rare d’y retrouver des rapports d’étude ou des données sensibles sur nos territoires. L’exercice de démocratie numérique offerte par l’Open Data s’avère par conséquent relativement limité.

Des données accessibles aux citoyens ?

Au-delà des questions inhérentes à la nature et à la qualité des données ouvertes au grand public, nous pouvons également nous interroger sur la capacité dont dispose les citoyens pour exploiter les données à des fins démocratiques ou citoyennes. En effet, qui est capable actuellement de comprendre un fichier Excel comportant plusieurs milliers de ligne, par exemple ? Qui est en mesure de porter un regard sur les données disponibles ?

L’utilisation de l’open-data à des fins citoyennes nécessite de former les habitants au traitement des données brutes, à l’analyse des données. A défaut, les collectivités pourraient organiser des ateliers open data au cours desquels les habitants pourraient analyser de manière collective des données publiques.

Seul ces étapes permettront à la population de se saisir de l’open data et de faire une utilisation citoyenne des données. Mais à l’image des démarches de démocratie participative, nos collectivités ont-elles réellement l’envie de doter les citoyens des outils nécessaires à l’exploitation des données publiques ? Les élus ont-ils peur d’une évaluation citoyenne des politiques publiques ?

L’Open Data, une attente forte des citoyens ?

L’évaluation menée en 2014 sur la dynamique de l’Open-Data en Loire-Atlantique a confirmé l’éloignement des citoyens des projets liés à l’ouverture des données publiques. En effet, combien d’entre nous ont déjà utilisé l’un des jeux de données disponibles sur les plateformes de la Ville de Nantes, du Département, du Conseil Régional ou d’Etalab ? Combien d’entre nous connaissent même l’existence de ces plateformes ? Une poignée d’entre nous vraisemblablement.

Plusieurs éléments peuvent expliquer ce manque d’appropriation de l’open data par les citoyens. Parmi eux :

  • La nature des données ouvertes au grand public : données statistiques ou géographiques,
  • La complexité de l’utilisation des données ouvertes : traitement statistique nécessaire,
  • La qualité des données relativement variables : des données inutilisables.

L’open-data, un outil au service des villes intelligentes

En dehors des aspects de démocratie numérique, l’Open Data a néanmoins permis de faciliter la vie des citoyens et de rendre nos villes plus intelligentes. En effet grâce aux données ouvertes des entreprises ou des citoyens ont pu développer des outils qui facilitent notre vie au quotidien. Nous avons ainsi pu voir émerger les applications suivantes :

  • « Vite un bicloo », application qui permet de connaitre en temps réel le nombre de bicloo et de places disponibles dans les stations de la ville de Nantes,
  • « Rengo », application permettant de connaitre les horaires des transports en commun et l’état du trafic à tout moment sur l’agglomération Nantaise,
  • « Parking » qui indique les différentes places disponibles dans les parkings payants de la ville de Nantes…
  • « Bordeaux, ma ville accessible » qui à partir des données d’urbanisme détermine des itinéraires accessibles aux personnes en situation d’handicap,

Loin d’être exhaustif cette liste d’application illustre à mon sens l’intérêt que représente l’Open Data pour nos territoires.

Des perspectives pour demain

L’ouverture des données a ainsi libéré la créativité des entreprises et des entrepreneurs. Reste aujourd’hui à donner les clés de l’open data au citoyen ou au citoyen de se saisir de l’Open Data à des fins de démocratie participative.

Et si l’Institut Kervégan se saisissait du sujet et organisait le premier « Territoire Camp » de Nantes ?

 

Par Gwenaël BOIDIN
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Pour aller plus loin

> L’open data à Nantes

> Débat public IK : web et démocratie