Retour sur le débat public proposé par l’Institut Kervégan dans le cadre de la Nantes Digital Week:
Télédémocratie, e-démocratie, cyberdémocratie, démocratie 2.0, démocratie numérique… En 35 ans, les termes ont varié mais l’évolution est nette : le numérique est devenu un élément incontournable des sociétés démocratiques, soulevant de nombreuses questions. Bassem Asseh (élu), Bastien Kerspern (designer) et Arnaud Leclerc (politologue) étaient invités à en débattre par l’Institut Kervégan au Lieu Magique, à Nantes, samedi 13 septembre.
6,5. C’est le nombre moyen d’écrans que compte chaque foyer hexagonal, en 2013. Le temps moyen passé quotidiennement devant ceux-ci par un Français n’est pas précisément connu, mais il serait proche d’une huitaine d’heures.
Avec de fortes disparités, «plus le capital culturel est élevé, plus l’usage du numérique est fort, et inversement» rappelle Arnauld Leclerc, Professeur de Science Politique à l’Université de Nantes, tout en notant qu’à l’espérance des débuts a succédé une certaine frustration.
L’articulation entre démocratie représentative et numérique est loin d’être aisée, mais Bassem Asseh, adjoint à la co-construction et au dialogue citoyen à la Ville de Nantes, est optimiste, «L’enjeu c’est de tirer parti de cette multitude, Internet, qui se situe en dehors des institutions».
Exemple : les services publics locaux, lesquels et où ? Des questions qui pourraient faire l’objet «d’un dialogue en ligne poussé» selon l’élu socialiste. Interpellé dans la salle, il reconnaît toutefois qu’une telle méthode est difficilement applicable à l’échelon national.
1789-2014
Bastien Kerspern, designer d’interaction et de services (voir vidéo ci-dessous), note qui si la mobilisation digitale négative – « stop » – est aisée, la construction de propositions positives – « go » – est délicate. D’où l’idée de développer des applications avec un retour instantané pour impliquer le plus grand nombre de citoyens.
«Dans ce cas-là, on est plus proche du jeu» critique le politologue Arnauld Leclerc, en dénonçant par ailleurs «l’illusion que tout le monde pourra utiliser des données numériques» comme on l’a cru avec l’élaboration des lois en 1789.
Tous s’accordent néanmoins sur un point : séparer vie réelle et numérique n’a plus sens. «La réalité quotidienne c’est l’information à la nanoseconde, acquiesce un spectateur, mais qu’en reste t-il d’important dans six mois ?».
Un article de Thibault Dumas, journaliste